Le 18 avril dernier a eu lieu une journée dédiée aux « sons de la créativité ». C’est l’Institut de Communication et des Médias (ICM) d’Echirolles qui a organisé, au sein de son établissement, plusieurs tables rondes et présentations autour de la question du podcast. Ainsi, les questions de la conception, de la production et la diffusion ont été abordées.
Des professionnel.les du son, des chercheurs de l’ICM et des étudiant.es en journalisme et en Information et Communication étaient présent.es pour animer cette journée d’échanges et de réflexions autour de ce médium en plein essor. Emilie de Skadi&Co était invitée à la dernière table ronde de la journée, animée par Lucie Alexis, maîtresse de conférences en SIC, et Sidonie Naulin, maîtresse de conférences en sociologie. Les questions abordées étaient notamment celle de la diffusion des podcasts et des nouveaux publics.
Retour sur ce débat riche.
Quatre voix au micro
Emilie était entourée de trois autres professionnel.les du son et du milieu culturel :
Noëmie Lepage est agitatrice en milieu culturel. Elle milite pour la diffusion de la culture. Sa phrase favorite ? « Nous sommes toutes et tous des êtres de culture ». Elle travaille notamment sur le patrimoine et sur la médiation de l’environnement auprès des enfants. Elle est également co-réalisatrice et la voix du podcast Oyé, destiné aux petites oreilles de 7-12 ans.
Laurent Le Gall est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne Occidentale de Brest. Il est également le Président de l’association Longueur d’Ondes qui œuvre depuis 2002 pour la valorisation des créations radiophoniques et qui porte chaque année le festival de la radio du même nom.
Florent Latrive est directeur délégué au numérique de France Culture. Il est également maître de conférences à l’institut français de presse de l’université Panthéon-Assas.
Médias traditionnels et podcast :
deux publics différents ?
Le constat global est établit : les auditeurs de podcast sont jeunes. En effet, la particularité du podcast, contrairement à la radio, c’est qu’il est possible de chercher et d’écouter ce qui nous intéresse, et donc d’axer son écoute sur des sujets bien précis. Il y a une certaine identification qui peut se faire au travers des choix de podcasts. A contrario, écouter la radio, c’est capter le monde tel qu’il est, sans se focaliser sur une notion en particulier. L’âge du public peut également s’expliquer par une mode instaurer par le podcast, devenu quelque chose de « cool » et de « mainstream ».
Attirer de nouveaux publics : une mission difficile
Les attentes et les habitudes du public changent constamment. Cela demande aux réalisateurs et aux producteurs de faire preuve de beaucoup d’adaptation. Un public, cependant, reste accessible et demandeur : les enfants, surtout depuis le confinement. Peu de podcasts leur étaient dédiés, quelques années auparavant. Le public des 0 - 15 ans est donc un véritable marché à conquérir. Depuis, le podcast pour enfants a pris une place importante. La difficulté cependant reste de réussir à s’adresser à la fois aux enfants et aux parents, qui restent les prescripteurs. Ils sont aussi ceux qui vont créer des habitudes d’écoute chez les tous petits.
Le podcast : comment éviter la balkanisation des publics ?
*Balkanisation : division, fragmentation
Deux points ont été évoqués :
La diversité d’approche
Trois types d’approches semblent prégnantes.
La première est l’approche dite « sensible ». Elle revêt l’idée d’aller directement à la rencontre des auditeurs.trices pour discuter de leurs habitudes d’écoutes.
La deuxième est l’approche dite « métrique ». Elle consiste en la compréhension de ce qui plaît au plus grand nombre aux travers des données (nombre d’écoutes, de réactions, de partages etc…).
Enfin, entre ces deux approches, il existe un entre-deux, avec des outils numériques qui peuvent être liés à la diffusion des épisodes en live, comme Twitch. Cette plateforme créée une distance, car tout se passe derrière un écran. Mais elle instaure aussi une certaine proximité avec la possibilité de discuter en live et de recueillir les avis des auditeurs dans le chat. Cette dernière approche reste néanmoins difficile à maîtriser.
Être maître de sa diffusion
Le podcast est un médium par lequel il est possible de choisir ce que nous voulons écouter et les thématiques sur lesquelles nous souhaitons acquérir plus de savoirs. C’est ici que maîtriser sa diffusion est un atout majeur pour ne pas laisser les auditeurs.trices s’enfermer dans leur bulle. Faire des propositions variées permet de ne pas entretenir cette balkanisation des publics. Ainsi, maîtriser les différents outils et canaux de communication, mais aussi y investir du temps et de l’argent parait primordial.
Un médium plus participatif ?
Tout dépend du podcast, du public et du contexte. Pour reprendre l’exemple du podcast Oyé, le public visé (les enfants) est également celui qui fait le podcast. En effet, ce sont les enfants qui se chargent de l’interview des scientifiques. Une chose a fait débat cependant, concernant la forme. Certains défendent la thèse que le podcast est plus immersif que l’objet radiophonique et que les formes d’écriture sont différentes. Il y aurait grâce au podcast une adresse directe à l’auditeur.trice. C’est sans compter l’écoute des radios associatives, dont les écritures et les sujets sont, depuis l’après deuxième guerre mondiale et la monopolisation symbolisée par l’ORTF, beaucoup moins conventionnels et plus larges que dans les médias traditionnels.
Une chose est sûre cependant : le podcast invoque une écoute individuelle car elle se fait en grande majorité au casque.
Et pour finir
Cette table ronde sur la question des nouveaux publics s’est conclue par une intervention de Flore Di Sciullo et Marie-Eve Le Saulnier, toutes deux post-doctorantes au sein du projet Obcast, l’Observatoire du podcast. Elles ont participé à la journée d’étude et ont rédigé une conclusion pour venir clore cette journée. Le mot de la fin était le suivant :
« Faites des podcasts ! »
Article écrit par Justine Facchin, relu et corrigé par Emilie.
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